C’est vers la fin du mois de Janvier 2019 qu’Igo Diarra a été nommé Délégué Général de la biennale de la photographie de Bamako prévue du 30 novembre 2019 au 31 janvier 2020 avec la semaine internationale du 01er au 07 Décembre 2019. Rencontré au Mali, dans le cadre de la deuxième édition du Ségou Art (Interview réalisée le 03 février 2019), il a évoqué avec Africulturelle les défis à relever pour la biennale de la photographie de Bamako qui fête cette année ses 25 ans.
Africulturelle : Lassana Igo DIARRA, vous êtes le nouveau délégué général de la biennale de Bamako. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
L.I.D : C’est plutôt comment le monde de la culture l’a accueilli parce qu’il est difficile de parler de soi-même. Mais je pense que c’est un vecteur d’optimisme et de challenge. C’est la première fois qu’un opérateur privé a ce genre de responsabilités au Mali.
Un privé malien de surcroit j’ai l’impression ?
Oui mais parce que c’est un événement panafricain. Donc, il ne faut pas être trop chauvin.
Oui mais beaucoup déplorait que la plupart des responsabilités soit concentré dans les mains des français
Oui mais parce que ce n’est pas comme la Dak’Art qui est initialement un projet complètement sénégalais. Il faut reconnaître que les Rencontres de Bamako ont été pendant longtemps une coproduction entre le ministère de la culture du mali et l’Institut Français. Donc historiquement, il y a une différence dans sa nature et sa structuration. Le Mali fait de plus en plus d’effort, ce qui est à saluer. L’institut Français devient partenaire pour cette édition, ce qui est un changement notoire et cela nous donne la possibilité de nous ouvrir à d’autres partenaires sur le continent et dans le monde.
Mais je pense que le délégué général a toujours été Malien mais comme des fois les commissaires sont plus en vue…
Et en même temps, c’est comme quand on organise la coupe d’Afrique. Le vainqueur n’est pas forcément le pays qui l’abrite. C’est une nouvelle génération qui vient, c’est pour ça on va réfléchir tous ensemble sur comment davantage impulser cette dynamique créative au niveau du secteur de la société civile grâce à cette ouverture de notre Ministère. En ce sens-là, c’est quand même innovant.
Missi Afrique Photo
Et l’excitation est d’autant plus grande que cette année, ça va être la 25e année. La douzième édition mais la 25e année. Le chiffre est fort.
Notre premier atout est de mettre à contribution l’ensemble des connexions que nous avons dans la presse, dans les milieux artistiques, les amis. Il s’agit aussi de voir comment faire en sorte que cette fougue, cette fraîcheur, et cette énergie de la génération des 25 ans impacte la biennale.
Le mot ’’biennale’’ au Mali est même utilisé en Bambara. Parce qu’on a une des plus anciennes qui date des années 63, biennales artistiques et culturelles. On a la plus grande biennale panafricaine de la Photographie, mais qui n’est pas suffisamment populaire. Alors comment trouver l’équilibre afin qu’au Mali on réalise qu’on a notre bébé, ou plutôt que notre belle Demoiselle ou jeune mariée est notre plus grand événement artistique internationale qui est ‘’Missi Afrique Photo’’. Comment d’avantage se l’approprier? Comment la faire plus raisonner dans l’Afrique et dans sa diaspora et les caraïbes?
C’est un appel que nous lançons. On veut que le maximum de gens affluent sur Bamako pendant cette période-là.
Ce sera du quand au quand ?
Du 01 au 07 Décembre 2019 pour la semaine internationale Inch Allah. Ouverture le 30 Novembre.
Le temps est court !
Justement c’est le compte à rebours. Le Secrétaire Générale du Ministère de la culture m’a dit à vos marques.
Vous êtes déjà partis ?
On est parti disons. C’est un travail d’équipe. La première visite symbolique informelle que j’ai faite avec l’ensemble des photographes c’est dans le studio de Malick Sidibé. C’est un concept de ‘’grin thé’’ pour discuter à bâtons rompus dans la perspectives des Rencontres de Bamako. On veut vraiment que ça soit un projet collectif.
Associer tous les jeunes photographes ?
Et même d’autres disciplines. Il faut que l’art soutienne l’art. Il faut casser les cloisons. Nous qui avons la chance d’être pluridisciplinaire dans notre carrière on va faire appel aussi bien (évidemment le focus est photo) à la Vidéo d’art et aux autres disciplines qui vont célébrer la fête de la photographie africaine avec nous.
Vous avez été nommé ou c’est sur la base d’un appel à candidature ?
J’ai été nommé par le ministère de la culture du Mali
Peut-on dire que la culture se porte bien au Mali et que l’état y accorde une grande importance ?
L’Etat fait ce qu’il peut. Nous, on ne va jamais dire que l’état fait suffisamment. Mais je pense que quand on a un peu le nez dans le pied, on ne voit pas les acquis qu’on a au Mali.
C’est quand on sort qu’on réalise qu’on a un des plus beaux musées en Afrique. Quand je suis allé à Lagos au musée Nationale du Nigeria j’ai eu de la peine. On a un très grand conservatoire d’art, on a quelque galeries, on a Segou’art …. On a quand même des outils mais on en veut plus. C’est cela la nature humaine. On ne dira jamais que l’état fait assez mais je pense que c’est un combat collectif. Quand on regarde les budgets du ministère de la culture, dans tous nos pays, ce n’est jamais Un pour cent. Donc quand on enlève les charges de fonctionnement, je ne pense pas qu’il reste grand-chose. Dès fois à la limite, on peut comprendre si on se met de l’autre côté mais en même temps on peut faire mieux et on doit faire mieux
Lassana Igo Diara du Privé qui va prendre part à une initiative comme la biennale de Bamako. Ce n’est pas totalement du privé. Il y a le public… Comment comptez-vous jongler avec certaines lourdeurs administratives propres à nos pays ?
On est en train de faire une mise en scène artistique de tout ça. J’expliquais au directeur de la maison africaine qu’il va falloir qu’on compose avec nos lacunes administratives parce qu’on ne vient pas de ce monde-là. Il se peut qu’on les bouscule dans leur mode de fonctionnement et nous ne perdrons pas trop de temps dans des procédures administratives. Sans prétention aucune, nous sommes dans la recherche du résultat, il faut qu’on marque nos empreintes.
Le mot de la fin ?
Merci merci et je pense que la presse a un rôle fondamental à jouer. Vous avez fait un lapsus tout de suite en parlant de la biennale de Dakar. On est très jaloux à Bamako, jaloux positivement de cette biennale. Dakar et Bamako sont des villes jumelles ce que beaucoup de gens ne savent pas. Donc on peut faire des jumelages de biennale en termes de participation, en termes d’idées, en termes de soutiens donc je disais que la presse a un rôle fondamental dans ce processus. Donc, si vous pouvez relayer le message dans vos différents réseaux en disant que c’est leurs événements, la photographie occupe une grande place dans la presse écrite, le photojournaliste … On a forcément besoin de la presse en tant que relais.
C’est un appel qu’on lance à la presse de commencer à ‘’Save The Date ‘’. On a besoin de leur présence massive ici parce qu’on veut faire aussi mettre en place un système d’accueil alternatif pour recevoir davantage de journalistes. On invite tout le monde de cœur on veut que le maximum de frères et sœurs de l’Afrique et du monde entier viennent souffler avec nous 25 bougies, l’âge de l’audace et d’une forme de maturité. Le quart de siècle est en soi un événement.
Oumy Régina Sambou