Les créations artistiques permettent de découvrir des histories occultées dans les archives. Les panélistes du 3e atelier des rencontres et échanges du 13e Dak’Art, qui avaient pour thème ’’le travail créateur comme production de connaissance’’ l’ont démontré.
Il est possible à travers l’art de produire des connaissances. Voilà ce qu’ont essayé de prouver les panélistes du troisième atelier des rencontres et échanges de la 13e biennale de l’art africain contemporain, Dak’Art. Ce dernier s’est tenu ce samedi 05 Mai 2018 au musée Theodore Monod d’art contemporain. La commissaire d’expositions, essayiste et consultante en ingénierie culturelle, Ngoné Fall a partagé avec les biennalistes le regard critique de certains artistes qui sont dans la réhabilitation de l’histoire, des artistes qu’elle a décrit comme ‘’Les Passeurs de savoirs’’.
Parmi eux, Margaret Meehan qui a fait une installation à San Antonio au Texas. Elle s’est penchée sur la guerre de sécession notamment sur l’histoire de l’armée américaine. Après les évènements du 11 septembre, un fort ralliement des femmes dans l’armée a été noté. Ce qui a sucité une interrogation chez l’artiste qui s’est demandée si le phénomène était nouveau. Au cours de ses recherches, elle a pu retrouver dans les archives les noms d’une vingtaine de femmes qui s’étaient déguisées en hommes pour intégrer l’armée. Elles ont été sur les champs de batailles et certaines étaient caporal ou capitaine. C’est après la guerre, pendant leur démobilisation, que les gens se sont rendus compte qu’elles sont des femmes. L’artiste a tout mis en œuvre pour faire découvrir au public cette histoire absente des archives de l’armée. Ce sont des correspondances qu’elles ont échangé avec leurs familles qui ont permis de retracer leurs histoires. La démarche de cet artiste correspond parfaitement à celle d’un des panélistes du jour Mathieu Abonnenc. ‘’Moi, je ne travaille plus à partir des archives. Je vais quelque part où il n’y a rien, absolument rien pour chercher. C’est ce qui m’intéresse maintenant’’, a-t-il indiqué.
Jungeun Lee elle, n’est pas dans ce cas. Artiste, elle s’est inspirée d’une histoire connue mais niée par certains. Elle a, à travers une installation dont Ngoné Fall a montré quelques clichés, partagé l’histoire de Coréennes kidnappées ou enrôlées de force par l’armée japonaise qui faisaient d’elles des prostituées. Jungeun Lee comme Margaret Meehan sont dans une sorte de réhabilitation au moment où des artistes comme Comfort Woomen écrivent l’histoire. Une installation de cet artiste visible actuellement au siège de l’Union africaine a fait découvrir aux jeunes Ethiopiens pour la première fois en 2016 la voix de l’empereur Hailé Sélassié. Ngoné Fall a parlé de ses artistes pour montrer que l’art peut produire des connaissances. Ainsi, comme le dit le Dr en histoire de l’art, Emmanuelle Cherel qui faisait partie des panélistes de ce 3e atelier : ‘’L’art ne se contente pas de recoller le passé. Elle peut ouvrir la voie à l’analyse de nos traditions’’.
BIGUE BOB