Le cinquantenaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se déroule du 23 février au 02 mars 2019, sous le thème « confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricaniste dans son essence, son économie et sa diversité ». Thierno Diagne BÂ, Conseiller aux affaires Culturelles, Expert audiovisuel, Gestionnaire des industries culturelles nous livre sa lecture de cet événement.
Après plus d’un demi-siècle de politique cinématographique, il est très difficile de parler d’industries du cinéma en Afrique. Un triangle fait exception, il s’agit du Maroc, de l’Afrique du Sud et du Nigeria. Certains pays brillent par une absence de production qui s’approche souvent de zéro long métrage par an. Cela s’explique souvent par un manque de soutien des Etats et une politique cinématographique inappropriée à l’ère du numérique.
En effet, nombreux sont les pays d’Afrique qui n’ont jamais jeté les bases, les fondements d’une industrie cinématographie : Absence de formation, déficit de soutien, une industrie technique inexistence, faiblesse du cadre juridique…
La filière cinématographie est dominée par les réalisateurs. Il est difficile de voir dans certains pays des producteurs, des distributeurs et des exploitants attitrés. Ce qui fait qu’il n’existe pratiquement pas de marché.
Certaines cinématographies sont sous perfusion d’aides à la production extérieures. Lesquelles aides ont fini de montrer leur inefficacité, car n’ayant jamais participé à un vrai projet structurant de mise en place d’une industrie.
Pour forger l’avenir de nos cinématographies nous devons étudier sans complaisances, sans fards les causes qui obstruent leurs développements.
Il est temps de compter sur nous-mêmes et d’en finir avec des projets courts-termistes. Nous ne devons pas avoir peur de développer nos modèles économiques à partir de nos propres réalités et de montrer notre singularité aussi bien dans la production, la diffusion et la gestion des droits d’auteurs.
L’industrie audiovisuelle a radicalement changé avec l’évolution de la technologie. Toute stratégie de développement ne doit pas occulter le cœur de cette révolution qui est la distribution et la taille du marché. Or le cinéma africain n’est pas distribué afin de porter son développement international.
Les cinématographies d’Afrique gagneraient à asseoir un financement et une distribution nationaux avant de se projeter à l’international où l’industrie tourne autour de grandes firmes mondiales.
Thierno Diagne BA
Conseiller aux affaires Culturelles
Expert audiovisuel
Gestionnaire des industries culturelles