L’année 2017 a été l’occasion pour Africulturelle de découvrir Tanger, cette ville du Maroc où la Fondation Dintchen-Coucke a organisé la deuxième Edition du World Music & African Art Festival» (Womaaf). Le Sénégal était le pays invité d’honneur. A l’issue du festival, Elise Dintchen-Coucke présidente fondatrice du festival womaaf de Tanger et présidente fondatrice de la fondation Dintchen-Coucke pour la promotion des arts, cultures musique de l’Afrique a fait le bilan.
Womaaf 2017, 13 pays ont répondu à l’appel
Elise : C’est un bilan très positif sur le plan du déroulement. On a eu beaucoup de pays participants cette année, 13 pays. On a eu de belles expositions d’art plastique de l’artiste peintre jules Ricky So Fongang qui est passé dans l’Afrique a un incroyable talent qui a peint fally ipupa à l’envers et comme nous sommes dans un esprit d’échange, il a donc fait sa résidence avec Najoua el Hitmi qui est une artiste marocaine. Les deux ont exposé. On a eu quelques exposants dans les arts vestimentaires, et la gastronomie africaine donc tous les festivaliers ont pu déguster les saveurs de l’Afrique subsaharienne. Il y a eu des conférences de très haut niveau basées sur l’art, la culture, la musique plus les concerts. On a eu une vingtaine de séries de concerts de ces artistes venus de partout. On a eu Big d’haiti, Cheick Tidiane Seck qui a clôturé ce soir (interview réalisée le 30 septembre 2017) en grandes pompes et voilà quoi. J’ai le vice-président de la fondation qui pourra compléter mes propos et après si vous avez d’autres questions
John : Alors moi je prends la parole. Je suis l’époux de Madame la présidente. Je suis son serviteur dans la vie et j’essaie d’appuyer la réalisation de ce festival. Le bilan que je voudrais faire du fond du cœur est très sincèrement je voudrais remercier le Sénégal qui était le pays à l’honneur et qui a envoyé une forte délégation avec Monsieur le secrétaire général du ministre de la culture et de la communication. Je voudrais remercier vraiment aussi le directeur des arts du Sénégal. Ils sont venus avec les conseillers techniques et il y a Marema Fall, bien sûr la marraine du festival qui a vraiment fait une performance et un show extraordinaire et vraiment la présence du Sénégal nous a réchauffés le cœur ici à Tanger. Ça a montré que le Maroc et le Sénégal sont des pays frères par la culture. Si on regarde le public, dans les yeux du public, c’est une découverte parce qu’il y a quand même beaucoup de nécessité de découvrir l’autre à travers des festivals comme le Womaaf dans un esprit de tolérance et de partage. Beaucoup de marocains n’imaginaient pas la richesse de la culture du Sénégal et c’est quelque chose qu’il faut promouvoir et dans un esprit de relation Sud-sud comme le promeut Sa majesté le roi Mohamed VI que Dieu le glorifie. Je crois que c’est très positif au plan humain et en terme artistique aussi ça a été vraiment quelque chose de très haut niveau par les prestations de Marema Fall, de Cheikh Tidiane Seck le parrain aussi et de Sarro du Sénégal et de tous les autres.
Je pense qu’avec ce qui s’est passé en termes de bilan, qui a été relayé par tous les médias au niveau du Maroc, du Sénégal, sur 2m, … les radios et télévisions du Sénégal, du Cameroun, de la Côte d’ivoire, du Gabon, du Mali, du Burkina Faso de tous ces pays je pense que là tout le monde est en train de prendre conscience qu’il y a une rose qui est en train d’éclore à Tanger par ce festival et je suis sûr que l’année prochaine on aura tous les appuis pour ce festival dans l’intérêt du public et dans l’intérêt de tout le monde .
L’argent a fait défaut, des partenaires défaillants
Le bilan sur le plan artistique est parfait mais sur le plan financier on a eu beaucoup de difficultés. Je ne comprends pas qu’on ne puisse pas soutenir les artistes, il y a des pays où l’on parle d’industrie culturelle donc on devrait vraiment permettre aux artistes de vivre de leurs œuvres en encourageant des structures qui sont là pour les appuyer pour les valoriser. L’art est fait pour être exporté, pour aller vers les autres mais je vous dis sur le plan financier on a même un sponsor qui s’est permis de nous lâcher à la dernière minute, et encore un sponsor d’une organisation qui a pour vocation d’appuyer la culture. On a essuyé beaucoup de difficultés. Ça nous écœure surtout que quand on voit d’autres festivals qui n’ont pas nécessairement la mission de valorisation, la promotion de la richesse du continent, du vieux continent qui est notre Afrique, qui bénéficie de plein de fleurs c’est tout simplement malheureux est ce que c’est une malédiction qui fait que l’Afrique doit rester ainsi ? Qu’elle ne doit pas émerger ? Je ne comprends pas. Je vous ai dit on s’est tiré les épingles des cheveux comme on dit dans l’expression pour pouvoir tenir…. On y a mis beaucoup de nous pour pouvoir vraiment donner les petits cachets aux artistes. Il faut décrier ça parce que ce n’est pas normal. Par contre, on est content du Sénégal qui nous a fait honneur, le ministère de la culture du Sénégal qui a pris sur lui et payé les artistes sénégalais Marema Fall la marraine et Sarro je leur tire mon chapeau et par contre au niveau du Maroc on a eu très peu de soutien c’est déplorable mais il faut le dire.
Deuxième édition, ambition démesurée ?
Non non pas du tout…. C’est pas qu’on a reçu et que ça n’a pas suffi parce qu’il y avait trop grand bah non ! On a très peu reçu ! on n’a pas vu trop grand parce que les artistes qui sont venus, ce sont des artistes qui veulent faire honneur au continent. C’est des petits cachets donc du coup tous ceux-là qui voulaient faire honneur au continent on leur a laissé la place. Ils ont accepté de venir, c’est vrai que quand vous entendez la quantité 14 c’est parce que nos artistes sont généreux. Ils ont vraiment voulu être nombreux et c’était vraiment des petits cachets de pas grands choses, des cachets qu’on aurait pu donner au tiers d’artistes vous voyez. Donc on ne peut pas vraiment dire qu’on a vu grand, du tout.
Prochain rendez-vous ?
Chaque année, on a une édition à Tanger et chaque 2 ans on a une biennale, une édition en Afrique subsaharienne, une édition Africaine du womaaf et quand un pays est à l’honneur c‘est lui qui nous reçoit les deux années plus tard. L’année dernière, c’était le Burkina Faso qui était à l’honneur. Le ministre Tahirou Barry s’est déplacé avec une délégation de vingt personnes comprenant des artistes, la télévision nationale, la chaîne privée, la chaîne publique, les artistes peintres, les chanteurs, les grandes divas Awa Cissao, Ami Timeria, Basbil et autres. C’est avec le ministère de la culture du Burkina que j’organise l’édition subsaharienne de même que cette année le Sénégal est à l’honneur, après cette biennale au Burkina, la prochaine biennale ce sera avec le ministère de la culture du Sénégal.
Edification d’une maison des arts
On a un projet d’art africain, une maison de l’Afrique qui sera en fait la continuité à l’année du festival womaaf parce que comme disait quelqu’un ce n’est pas juste de le faire une année et après on attend l’année suivante. Ce sera un peu la continuité dans nos trois volets que sont les expositions d’art (plastique, vestimentaire et culinaire), les conférences scientifiques reliées à des thématiques sur l’art, la culture et la musique. On aura comme chaque semaine des groupes qui passeraient. Ce qui va permettre aux artistes de tourner, des conférenciers qui passeraient à la semaine, les week-ends de divertissement et puis il y aura des expositions permanentes d’arts plastiques à l’année. Il est prévu un restaurant gastronomique pour goûter aux saveurs africaines parce qu’il faut aussi valoriser nos saveurs. Nous savons que sa majesté notre roi que Dieu l’assiste est un fervent appui et soutien de la culture et que cette maison verra le jour.