Lisa Simone-Hervé Samb…Le trait d’union est symbolique, le duo très électrique : la chanteuse américaine, fille de l’emblématique Nina Simone, et l’excellent guitariste sénégalais, qui est aussi son directeur artistique, ensemble sur la scène du Saint-Louis Jazz.
Sur la Place Faidherbe ce soir-là, avec un sens du rythme très pointu, Lisa Simone incarne une sorte de joie de vivre contagieuse, cette énergie positive…Tout à fait compréhensible lorsque, en faisant vos recherches sur le personnage, vous tombez sur ce passage où elle dit avoir passé onze longues années dans l’armée américaine, à faire un travail qu’elle «détestait». Jusqu’au jour où elle décide de changer de vie…
Lisa est aussi joyeuse, lumineuse, que Nina était dark, presqu’inaccessible. Une chorégraphie sans prétention, des va-et-vient déchaînés, entre la scène et le public, quelques éclats de rire, et une impressionnante richesse vocale : du plus soft, presque murmuré, au plus extraverti. Sans parler de cette positive attitude, et une sorte de musique-thérapie, dans le discours comme dans la posture. Lisa Simone chante, «…no tears, only joy» (pas de larmes, rien que de la joie), mais avec lucidité. Car «difficile de croire, dit-elle en français, à un monde absolument parfait, parce que chez moi, il y a un nouveau Président…» Mais «imaginez»…La chanteuse américaine ne cite personne nommément, mais tout le monde pense évidemment à Donald Trump. De la fille d’une militante américaine des droits civiques, autant dire que cela n’a rien d’étonnant.
Sans parler des quelques emprunts que Lisa, qui a d’ailleurs commencé par reprendre certaines chansons de sa mère, fait à Nina : «Ain’t Go No, I Got Life», «If I knew», mais sans la mélancolie de l’auteur de «Blackbird». Lisa sait aussi être soft par moments, jusqu’au frisson, mais disons que le public a une petite préférence pour son côté bête de scène.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=BYbJ-N9FqH4&w=560&h=315]
Avec cette façon qu’elle a d’assumer cet héritage pas comme les autres : «Je suis la fille d’une grande dame, Dr Nina Simone (…) Je serai toujours sa fille. C’est normal, c’est comme respirer». Ou alors vous dira-t-elle à quel point elle est heureuse de pouvoir travailler avec Hervé Samb, qui l’accompagne depuis quelques années déjà. Un guitariste exceptionnel, qui a l’art de donner le tournis à sa guitare, un peu comme si lui-même était en transe, possédé ou dans sa bulle. Dans le milieu, Hervé Samb est connu pour avoir participé à une «centaine d’albums», ou pour avoir collaboré avec des personnes comme le saxophoniste de jazz américain David Murray, la chanteuse malienne Oumou Sangaré, Amadou et Mariam, Cheikh Tidiane Seck et le sénégalais Oumar Péne…