L’Afrique de l’ouest dans sa partie francophone regorge de talents pour ce qui est du secteur de la musique. Cependant, le manque de professionnalisme empêche les artistes de briller. C’est l’avis de José Da Silva. Le président de Sony Music en Côte d’ivoire était à Dakar dans le cadre de la conférence Acces de Music In Africa qui s’est tenu les 17 et 18 Novembre 2017. Il a accordé un entretien à africulturelle.
Qu’est-ce qui vous a poussé à participer à Acces ?
J’ai été invité et j’ai accepté parce que j’ai trouvé que c’est un network intéressant. C’est toujours intéressant de rencontrer justement des professionnels d’Afrique anglophone et d’Afrique francophone ensemble. Je crois que ce n’est pas souvent qu’ils se retrouvent
Comment vous en tant que professionnel voyez l’état de la musique dans ces différentes zones que vous venez de citer ?
Une grosse différence ! Ce qu’on voit de la zone d’Afrique anglophone, c’est qu’elle est très organisée, professionnalisée et qu’elle donne d’énormes résultats, qu’elle est même déjà en train de partir avec de grosses stars mondiales. Ce qui veut dire qu’ils ont vraiment réussi le modèle. Et sur l’Afrique francophone, tout est à faire. C’est vraiment nouveau le fait qu’on commence à s’intéresser à la filière, qu’on commence à chercher un modèle économique. La différence aussi est que les décideurs de la zone n’ont pas compris exactement les enjeux. Dans les pays anglophones, ils l’ont compris depuis longtemps et ils ont mis en place les infrastructures et tout l’entourage juridique pour que ça fonctionne. Au niveau de la zone francophone, nous on vient de s’installer, on rencontre tous ces problèmes là et on va aider à professionnaliser et à essayer, faire du lobbying chez les décideurs pour qu’enfin il y ait tout ce qu’il faut pour que cette industrie-là se développe.
Sony pour la professionnalisation
Comment comptez-vous, vous y prendre concrètement ?
En utilisant l’étiquette de Sony qui est assez connu, en allant taper aux portes des décideurs, en essayant de leur expliquer parce que je pense que beaucoup ignore les enjeux économiques collectifs. Aujourd’hui, le décideur de l’Afrique de l’ouest il voit l’artiste, le producteur musical comme un quémandeur qui vient lui demander de l’argent tout le temps. Ce qu’il ne comprend pas c’est que s’il met tout en place, et que tout se met à fonctionner, il y aura assez d’argent pour financer toute la culture et que tous ces artistes-là vivront comme il faut et qu’ils ne seront plus obligés de venir quémander.
Depuis que vous êtes installés en Afrique de l’ouest, quelles ont été vos grandes découvertes ?
On a découvert des artistes. Ca on le savait déjà. Je suis originaire de l’Afrique de l’ouest, j’ai beaucoup voyagé dans la sous-région. Je savais ce qui m’attendait : beaucoup de qualités, beaucoup de talents, mais pas beaucoup de professionnalisme. C’est là où le bât blesse. Il y a tout un travail à faire pour que les artistes se mettent au travail comme il faut, pas la course qu’il y a actuellement à paraitre très vite sur la toile avec n’importe quelle musique, sans se préparer, sans préparer son image… Y a tout un travail qui doit être fait qui aujourd’hui ne se fait pas beaucoup…
Quels sont ceux que vous avez déjà cooptés ?
Nous avons signé un artiste au Burkina, Soul Bang’s en Guinée Conakry, on a signé Moona une jeune rappeuse…. On est en phase de travail, de préparation, justement en phase de faire comprendre à nos artistes comment nous voulons travailler. Nous avons créé à Abidjan un lieu de résidence où on peut recevoir nos artistes avec un studio d’enregistrement pour qu’ils puissent travailler. L’idée est de leur donner du temps et les moyens qu’il faut pour qu’ils sortent de la musique de bonne qualité.