Engagement citoyen, découvertes, lutte pour les droits humains…, des films pour des messages. Entre découvertes, voyages, dénonciations, plaidoyer et hommage, la programmation de l’édition 2020 du festival international du film documentaire de Saint-Louis promet de belles séances.
Ces rencontres consacrées au septième art à Saint-Louis et Gandiol s’ouvrent ce mardi 15 décembre, à l’Institut français de la vieille ville, avec la projection de « Circus Movements » de Lukas Berger et Mario Gajo de Carvalho. Ce court métrage de 15 minutes fait découvrir « de très jeunes artistes de cirque, qui se produisent sous nos yeux entre deux scènes de la vie quotidienne rurale et urbaine ».
Après cette séance, le projecteur sera braqué sur le « musicien génial, créateur de l’afrobeat, opposant inflexible » Fela Kuti. Dans son film « Meu Amigo Fela » (1h34), Joël Zito Araùjo « à travers les récits de son ami et biographe Carlos Moore », « jette un regard neuf sur cette icône ».
Le lendemain, mercredi 16 décembre, toujours à l’If de Saint Louis, Carlos Yuri Ceuninck dresse, en 7 minutes le portrait de « Dona Monica », « l’un des premiers transgenre de l’île de Santiago, au Cap-Vert ». Après le Cap Vert, le réalisateur Derwha Muderhwa nous plonge dans la passion du foot en RDC avec « INKERSON ». En 19 minutes, il « dresse le portrait de Kisangani au Nord-Est de la RDC, à travers les rêves de quelques fervents supporters ». « On vit foot, on joue foot, on regarde foot, on prie foot, on parie foot, on se bat foot… », dit le synopsis du film.
Dans la sélection officielle de ce festival, on trouve aussi des hommages à des héros de la lutte pour l »indépendance. « Sur les traces de Mamani Abdoulaye » (1h03) réalisé par sa fille Amina Mamani Abdoulaye, revient sur une vie consacrée à la liberté des peuples et à l’indépendance de son pays, le Niger. L’histoire de ce journaliste, militant, écrivain, dont l’action politique demeure largement ignorée sera projetée mercredi 16 décembre.
« Sankara n’est pas mort » également à l’affiche, mercredi 16 décembre parle d’engagement politique. « Au Burkina Faso, après l’insurrection populaire d’octobre 2014, Bikontine, un jeune poète, décide de partir à la rencontre de ses concitoyens le long de l’unique voie ferrée du pays. Du Sud au nord, de villes en villages, d’espoirs en désillusions, il met à l’épreuve son rôle de poète face aux réalités d’une société en pleine transformation et révèle en chemin l’héritage politique toujours vivace d’un ancien président : Thomas Sankara », présente-t-on.
STLOUISDOCS 2020 lutte aussi pour les droits humains. Jeudi 17 décembre, les séances de projection démarrent avec « 407 Jou » de la Haïtienne Eléonore Coyette. Dans ce court métrage de 7 minutes, la réalisatrice « dresse le portrait du marionnettiste haïtien « Paul Junior Casimir » plus connu sous le nom de Lintho ». « Alors qu’il mène tranquillement sa carrière, l’artiste s’attire les jalousies de son entourage et se fait arrêter arbitrairement alors qu’il proclame son innocence. Il passera 407 jours en prison sans motif valable », explique-t-on.
A la suite de ce film, « Up at night » (21mn), Nelson Makengo aborde l’insécurité et les violences dans les quartiers de Kinshasa qui s’accroche à l’espoir que le barrage hydroélectrique du Grand Inga3 sera, un jour, une source d’énergie permanente au Congo.
« Mane », un film de Sandra Krampelhuber met en lumière le combat de deux femmes : une rappeuse à Dakar et une lutteuse au sud du Sénégal. « Une lutte lyrique et visionnaire motivée par les mots de celles qui désirent une société meilleure », résume-t-on.
« Après ta révolte, ton vote » parle aussi d’engagement. Dans ce long métrage, Kiswendsida Parfait Kaboré parle de la « « vraie » première fois qu’un changement de pouvoir se passe à travers les urnes ».
Vendredi 18 décembre, « Radio Congo » de philippe Ayme sera à l’affiche. Ce long métrage de 53 minutes revient sur le combat de veille d’une station de radio communautaire rurale. A la veille d’une élection nationale cruciale, elle « lutte contre la censure et l’épuisement des ressources pour sensibiliser la population ». La radio est appuyée dans son combat pour continuer d’émettre et maintenir un fragile débat démocratique, par les paysans qui lui fournissent de l’huile de palme afin d’alimenter le moteur de la radio.
Ce film sera précédé par « Ethereality » (24mn) de Kantarama Gahigiri. Ce court métrage, au moyen de l’histoire d’un astronaute qui parvient enfin à revenir sur Terre, après 30 ans dans l’espace, fait une réflexion autour de la migration et du sentiment d’appartenance. « All come from dust » (9mn) de Younès Ben Slimane sera projeté entre les deux. Il parle d’agression sur l’environnement et des capacités de résilience des Hommes.
La dernière séance de la sélection officielle de STLOUIS’DOCS est consacrée à « Talking about trees » du Soudanais Suhaib Gasmelbari. Pendant 1h34, la caméra sera braquée sur Ibrahim, Suleiman, Manar et Altayeb amis depuis plus de quarante-cinq ans. « Facétieux et idéalistes, les quatre cinéastes espèrent enfin réaliser leur vieux rêve : faire revenir le cinéma au Soudan et rénover une salle de cinéma à l’abandon. Son nom? La Révolution… », présente-t-on.
La soirée de clôture, samedi 29 décembre, sera l’occasion de connaître les lauréats retenus par le Jury, présidée par la réalisatrice et productrice éthiopienne, MAJI-DA ABDI. Cette dernière va remettre le « prix du Meilleur Court Métrage documentaire » (doté par WBI-Dakar) et le « prix du Meilleur Long Métrage documentaire » (doté par TV5 Monde). Le cinéaste, directeur de la photographie et producteur Michel K. Zongo, invité d’honneur du festival, va recevoir le « Sargal’Doc 2020 » pour l’ensemble de son travail de la part de la direction de la Cinématographie du Sénégal.
Awa NDAO