Aïssatou Diop ( Aysatu Ndey Ayda Jòob) est la commissaire de l’exposition ‘’J’ai du tout quitter, la Convention de Kampala, 10 ans après’’ avec les artistes Ben BETSALEL, Birom SECK et Eric SAMSON.
Actuellement considérée comme l’une des plus jeunes actrices culturelles du Sénégal, depuis 2014 elle collabore à la mise en place de différents projets d’exposition et d’animation culturelle entre Dakar et Saint-Louis (Entre’vues, Centre de Recherche et de Documentation du Sénégal, Musée de la Femme Henriette Bathily, Centre Culturel Blaise Senghor). Portrait
‘’Quand le CICR m’a sollicité pour ce projet, j’étais éblouie et j’avais peur en meme temps de porter ce projet qui n’est sans doute pas le mien mais que je devais incarner’’. C’est ainsi que répond la jeune actrice culturelle qui a accepté la lourde tâche d’être commissaire de l’exposition consacrée aux 10 ans de la Convention de Kampala, le traité de l’Union Africaine qui protège les personnes déplacées à l’intérieur des frontières en Afrique.
Elle s’est dit c’est un autre défi à relever et puis elle s’est engagée parce que c’était ‘’l’occasion en tant que commissaire de parler de « ce qui nous regarde » en faisant tomber certains clichés sur la migration. Pour que nous sachons que la majorité des personnes déplacées en Afrique ne partent pas de leur plein gré et surtout restent à l’intérieur de leur frontières malgré eux’’.
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Aysatu considère que ‘’Ce serait prétentieux de dire qu’une exposition d’un mois fera la différence mais si déjà les gens se posent d’autres questions, adoptent d’autres comportements et d’autres manières de penser, ceci pourrait nous éviter des crises et conflits qui sont à l’origine de ces déplacements.’’
Les chiffres font frissonner : Sur les quelque 68.5 millions de personnes déplacées de manière forcées dans le monde, 40 millions le sont à l’intérieur de leur propre pays[1] L’Afrique est tout particulièrement touchée par cette thématique. Sur les 18 millions de personnes déplacées par la guerre en Afrique à la fin 2016[2], les deux tiers l’étaient à l’intérieur des frontières. Cela montre l’ampleur de la problématique qui est une des priorités institutionnelles de la région Afrique au CICR.
Toutefois, pas de quoi faire reculer cette jeune dame. Le rire facile, elle passe difficilement inaperçue. On se rappelle des premières rencontres lors de la Biennale de l’Art Contemporain de Dakar en 2016, 12e Edition. Elle nous faisait découvrir ou redécouvrir l’exposition internationale située à l’ancien palais de Justice tant que médiatrice culturelle. Elle vous parlait avec emphase des œuvres exposées, leur histoire sans oublier celui de l’artiste.
Passion, est le mot qui la caractérise le mieux. Elle agit avec passion, parle avec passion et rêve aussi avec passion… Si elle ne s’en limitait qu’à ça! Elle se bat pour concrétiser ses rêves
Cette jeune femme n’a eu de cesse de surprendre par ses incessants apports dans le monde de la culture et des arts. Elle a entamé son chemin dans le monde de la culture à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis en quittant son parcours en agronomie pour s’inscrire à l’unité de formation et de recherche sur les civilisations, religions, arts et communication. Elle est diplômée en gestion du patrimoine et des institutions culturelles puis entame sa carrière au Musée de la femme Henriette Bathily où elle a occupé le poste de gestionnaire du patrimoine et parallèlement chargée des affaires de jeunesse.
Après avoir travaillé aux côtés des compagnies, manifestations et associations culturelles, elle a occupé le poste de Communication Manager à RAW Material Company après y avoir suivi un programme de commissariat d’exposition – RAW Académie -. Aïssatou a programmé ensuite plusieurs expositions sous son commissariat.
Entrepreneure culturelle depuis ses débuts et avec une bonne connaissance de la scène artistique sénégalaise, dans laquelle elle est investie, elle est fondatrice d’une agence d’ingénierie et de médiation culturelle (Heritage for Africa) qui accompagne les artistes locaux dans la mise en œuvre de leurs projets.
La proéminence de sa plume nous révèle combien cette jeune femme est créative et inspirée, elle a ainsi participé à plusieurs ouvrages sous sa casquette de critique d’art. Des années plus tard, Aissatou Diop découvre en elle une artiste performeur, talent qui lui a permis de travailler sur différents sujets relatifs au genre et aux disparités culturelles. Pour elle, tout est dans la pluridisciplinarité. Elle vit à Dakar et gère le Centre Yennenga, un incubateur créé par le réalisateur Alain Gomis.
[1] UNHCR – http://www.unhcr.org/statistics/unhcrstats/5b27be547/unhcr-global-trends-2017.html
[2] http://www.internal-displacement.org/library/publications/2016/africa-report-2016/