Le réalisateur burkinabè, Idrissa Ouédraogo, décédé à l’âge de 64 ans, ce dimanche 18 Février 2018 à Ouagadougou, des suites d’une maladie, a été honoré par le monde de la culture et du cinéma, en particulier à travers divers témoignages sur les médias et les réseaux sociaux.
Sur twitter ou facebook, par mail ou dans les médias, tous ont reconnu ‘’le talent de ce grand cinéaste africain’’.
Pour beaucoup comme le Marocain Rachid Naim, critique et enseignant en cinéma, la mort du réalisateur représente ‘’une grande perte pour l’Afrique’’.
Sur un twitter, le président burkinabé, Rock Marc Christian Kaboré, a exprimé sa profonde tristesse. ‘’ Le Burkina Faso vient de perdre un réalisateur à l’immense talent, profondément attaché à son pays ‘’.
Certains, comme la journaliste sénégalaise Oumy Ndour et son compatriote réalisateur Pape Seck, ont partagé des photos souvenirs et des moments de rencontres avec celui que beaucoup appelait ‘’le doyen’’, et qui savait partager son savoir-faire.
L’apport au cinéma africain de ce ‘’grand réalisateur’’ qui a une filmographie très riche de tous genres (long métrage, court métrage, séries télévisées, etc.), est souvent revenu dans les témoignages.
Pour le critique sénégalais Baba Diop, ‘’Idrissa Ouédraogo avait su diversifier aussi bien sa source d’inspiration en ne se limitant pas seulement à tourner au Burkina Faso, mais un peu partout en Afrique, en France ; les genres cinématographiques et les thèmes abordés dans ses films’’.
‘’Il s’était retiré un moment pour aider les salles de cinéma dans son pays et pour laisser plus de place aux jeunes, car, disait-il dans une interview : + j’ai l’impression d’avoir beaucoup fait en peu de temps+’’, raconte Baba Diop. Le critique sénégalais se souvient : ‘’il disait ces derniers temps, qu’il voulait revenir avec deux projets de films de longs métrages’’.
Idrissa Ouédraogo a reçu l’Etalon d’or de Yennenga du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 1991 avec son film ‘’Tilaï’’ (La loi), réalisé en 1990, et aussi, le prix du jury à Cannes, l’année de la sortie du film.
‘’Avec ses thématiques variées (amour, adultère, loi, principes, morale), l’histoire de +Tilaï+ reste l’une des plus touchantes et mémorables du cinéma africain’’, avait écrit le critique béninois Espéra Donouvossi.
Idrissa Ouédraogo est, avec son compatriote Gaston Kaboré (Etalon d’or de Yennenga en 1997 avec son film +Buud Yam), les seuls à avoir offert ce prestigieux prix à leur pays.
Né le 21 janvier 1954 à Banfora, à l’ouest du Burkina Faso, Ouédraogo, qui était aussi producteur, a réalisé d’autres films de prestiges tels que ‘’Yaaba’’ (Grand-mère), en 1989, où d’ailleurs le réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety a fait un « making off’’. Il y a aussi ‘’Samba Traoré’’ (1992), ‘’Kini and Adams’’ (1997), etc.
‘’Idrissa Ouedraogo ne mise pas sur la pure description de la réalité, son cinéma est avant tout fictionnel. (…) il ne cherche plus comme dans ses premiers films à faire prendre conscience son spectateur par une vision du monde, par l’affirmation d’un regard. Ce qui l’intéresse est d’explorer l’humain en crise pour pouvoir mieux affirmer de façon presque obsessionnelle une idée’’, analysait le critique français Olivier Barlet, dans « Africultures ».
Source: APS