On commençait à désespérer de lui, à se dire qu’il va plus développer le côté ‘’bling bling’’. Il est beau comme tout, semble riche comme Crésus et prêt à se positionner comme un digne représentant de l’#Afrotrap, version Galsen. Avec des lyrics limites et très égocentrés (pour les sons entendus), sans engagement, juste dance et life goes on. But No…
Avec Macina, Elhadj Diallo à l’état civil, sort un deuxième album quasi épique. Il réaffirme sa volonté de ne pas s’enfermer dans un carcan strictement sénégalais, même s’il rappe en wolof principalement. ‘’Enracinement et ouverture’’ tant prôné par Léopold Sédar Senghor trouve son sens à travers cet album qui mélange rythme ultra urbain et puise ses racines dans le Macina, d’où est originaire le grand père et homonyme de l’artiste qui est un gosse du plateau, le centre d’affaires de Dakar qu’il a quitté à 18 ans pour l’Europe, la France précisément.
MACINA, sortie le 27 Juin 2018, comporte 6 titres en physique et 7 en digital. Elzo Jamdong a travaillé dessus avec son binôme MisterThiere (Jangal Ma napp, Sai Sai, Zéro garantie, Bayina) mais il s’est également ouvert à d’autres producteurs tels que E-Tracc (Ci Yaw, Coulisses) qui a déjà collaboré avec lui sur l’album Freengdom et Yoroglyphe (Yalla Yaa na) le producteur star des rappeurs français peut-on lire dans le dossier de presse reçu.
Senemusic parle d’une pochette d’album qui respire la sobriété et la confession, Jaly BADIANE bloggueuse addict de culture voit en cet album une véritable pépite dont elle fait une lecture décalée sur son site. Au niveau de @friculturelle, on a été surpris par les beats mais surtout par les paroles. Elzo Jamdong, c’était pour nous le rappeur bling bling, un peu trop fashion, vide même….qui se cherche et peine à trouver sa voie surtout après Malembe (un peu trop ego trip avec un beat dope. C’est le rap mais on y goutte très peu).
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Elzo JAMDONG ? On l’a kiffé dans Coulisses, le premier son de l’album décrit ainsi dans le dossier de presse : sur un beat mélodieux et mélancolique d’E Tracc, l’EP démarre sur un ton ferme et une thématique métaphysique dans laquelle Elzo Jamdong décrit la notoriété comme étant nuisible pour le simple humain qu’il est avant d’être un homme de la scène. Beaucoup de sobriété dans la description mais une véritable mise à nu. Il a une dimension humaine loin de la Starmania à laquelle on veut le réduire. Malgré son succès, l’artiste fait face à un doute existentiel. Ses fans doivent ils primer sur sa famille ? Ce, après quoi il court est ce ça qui donne du sens à sa vie ? Il nous amène avec lui dans les labyrinthes de son succès que peut être beaucoup lui envie sans avoir conscience que peut-être il en a marre. Le succès a beaucoup de pièges et d’artifices et il en arrive à comprendre Amy Winehouse ? Ce qui est sûr c’est qu’il a conscience que ‘’cette carrière peut le blesser sans qu’il en ait conscience, elle la blesse, le perd….’’ Et le clou ? Ce coup de fil de Tita, cette proche qu’il n’a même plus le temps d’appeler……
Sai Sai est le deuxième titre…Le son club par excellence. Sur une instrumentale dancehall de Mister Thier, Elzo Jamdong met en garde les femmes de s’attacher à lui car c’est un Saï Saï (en wolof un malin, un bandit) il n’arrive pas à se caser. N’ayons pas peur des mots comme les rédacteurs du dossier de presse si ‘’Collé monté ‘’. Elzo est un vrai salaud avec les meufs. Il ne faut pas le croire, ni avoir une certaine intimité. C’est un vrai mythomane, pire qu’Al Qaida, à éviter. S’il y a une qualité qu’on doit lui reconnaitre, c’est qu’il est honnête. Donc à tous ceux qu’Elzo contera fleurette, de vous rappeler qu’il avait chanté dans Macina en 2018, que c’est un Sai Sai et qu’il est pire qu’Al Qaida.
Dans ‘’Baayi Ma’’, de manière imagée, Elzo s’adresse à celui qu’il considère comme son premier ennemi, le « Nafs » (lui-même). Il exprime son souhait profond de se débarrasser de ses démons et de ses tentations lit-on dans le dossier de presse. Elzo a grandi, Elzo a pris conscience que la vie ce n’est pas que « sea, sex, fun ». Il y a une part de spiritualité à prendre en compte. Aduna sobé la….Kou rawaneté ak mome faux départ (deux phrases qui résument la vacuité de la vie. La vie, c’est que des impuretés. Si on fait la course avec elle, on fait faux départ). A la poursuite de ses passions, il a eu à beaucoup pécher, à faire du mal à son grand regret. Aujourd’hui, il est sur la voie de la rédemption et remet en cause toutes ses attitudes antérieures. Une chanson qui nous touche, à laquelle on s’identifie. Les Turpitudes de la vie !
Jangal Ma Napp: Dans ce morceau, Elzo décrit la vie d’un enfant de la rue « talibé » au Sénégal dans un story-telling émouvant où il se met dans la peau d’un orphelin adopté par un marabout, battu et exploité par ce dernier qui l’oblige à mendier pour son compte. Produit par MisterThiere, ce son interpelle à plus d’un titre. Les talibés abandonnés à eux-mêmes par des parents inconscients, une population indifférente à leur sort, seul les rebuts de la société leur tendent la main. Ce qui les condamne à rester dans la précarité. Esclaves modernes de marabouts véreux, ils apprennent quelques sourates du Coran et sont obligés de mendier pour vivre. A 16 ans, personne ne veut lui ressembler et il n’a personne à qui s’identifier. Il n’y a que la rue qui la regarde comme son enfant. Il ne peut compter que sur lui pour s’en sortir et plaide pour qu’on lui apprenne à pêcher afin qu’il puisse avoir les armes afin de survivre. L’aumône ne soigne pas ses blessures.
Ci Yaw: Elzo décrit une relation amoureuse passionnelle qui est animée par des querelles répétées. L’artiste est confronté à des problèmes de cœur comme tout homme de son âge. Et l’incompréhension entre hommes et femmes revient de plus belle. Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus non ? Elzo nous le confirme sur un beat de Etracc
Zero Garantie: Elzo Jamdong raconte les péripéties de sa jeunesse mouvementée à Dakar Plateau jusqu’au moment de son installation en France pour ses études. A la recherche du succès, de la réussite la route est semée d’embûches. On fait fi de la légalité, s’engage dans l’illicite et s’accompagne de personnes peu recommandables. Difficile de ralentir une fois engagé dans ce cercle vicieux, mais il est important de savoir garder un tant soit peu de lucidité afin de pouvoir tenir la route et de ne pas s’égarer. On en perd même de vue l’essentiel juste parce qu’il y a Zéro garantie.
Yalla Yaa Na*: Ce doit être le morceau le plus improbable du projet. Sur une instrumentale trap signée Yoroglyphe, Elzo parle d’émancipation vis-à-vis du système politique et du fait que sur terre, nul n’est mieux qu’un autre. Il encourage à croire en soi-même et à se battre pour obtenir ce sur l’on veut sans attendre l’aide du gouvernement. Et pour nous, ce morceau n’est pas du tout improbable. Il remet les choses en place surtout dans le contexte sénégalais où il y a plus de plaintes et de complaintes. L’artiste montre la voie à ceux de sa génération. On ne récolte que ce qu’on sème à la sueur de son front. We need to stay focus ! Notre culture, la religion, tout nous appelle à ça. Dieu est grand et il est aux côtés des endurants. Donc il faut travailler, encore et toujours.
Et nous donnons raison à Jaly BADIANE qui s’y connait mieux que nous en Hip Hop : “défkat dou aalou” …Oui un faiseur n’a pas le temps pour les palabres. Daf koye adj mou Kawé. Respect !